
Comment arrêter de subir ce que nous créons nous-mêmes ?
« Quoi? Mais qu’est-ce que c’est que cette question ? » me direz-vous…
Est-ce qu’il y aurait moyen de reformuler pour clarifier?
Alors je comprends tout à fait que ce soit un petit peu incompréhensible de se dire que nous subissons ce que nous créons. Parce qu’à la base, si nous créons quelque chose, c’est parce que nous en avons envie, n’est-ce pas ?
Mais ici je ne parle pas de ce que nous créons consciemment.
Je parle de ce que nous créons par défaut, par l’entremise de notre inconscient, le créateur de notre réalité… Et c’est là toute la différence.
Mais comment créons-nous par défaut ? Lorsque des situations similaires se répètent, lorsqu’une situation choquante ou traumatisante se produit, notre inconscient en tire une conclusion. Cela devient une croyance limitante. Elle est créé -à la base- pour nous protéger.
En tant que thérapeute, il y a beaucoup de personnes qui viennent me voir en consultation parce qu’elles en ont assez de ce qu’elles vivent au quotidien, dans plusieurs domaines de leur vie.
Ou parfois, cela concerne un domaine en particulier (sentimental, par exemple), dans lequel elles vivent les mêmes scénarios de manière répétitive.
La stratégie inconsciente mise en place dès l’enfance pour leur assurer amour ou sécurité, les rend malheureuses bien des années plus tard, à l’âge adulte.
Mais qu’est-ce qu’une stratégie inconsciente ?
Prenons un exemple concret : Une dame vient en consultation. Elle croit aujourd’hui et depuis petite qu’elle doit être forte pour être aimée.
En l’écoutant, je comprends que c’est une croyance limitante qui s’est mise en place inconsciemment durant son enfance.
Elle vivait dans une grande fratrie, elle était l’ainée, devait montrer l’exemple et s’occuper des plus jeunes.
Son père travaillait toute la journée, il n’était jamais là. Sa mère était malade et alitée.
En tant que fille ainée, elle s’est mit a endosser le rôle de « maman de substitution ».
Elle a commencé à mettre en place un comportement qui répondait aux besoins de sa famille et à son propre besoin de sécurité. Cette croyance « je dois être forte pour être en sécurité » son inconscient l’a mis en place à ce moment-là de sa vie, parce que le contexte familial l’obligeait en quelque sorte à jouer ce rôle pour maintenir l’harmonie au sein de la famille.
Ce rôle qu’elle a joué est celui de pilier de la famille, de parent de remplacement, bref, de personne forte. Ce rôle, en tant qu’enfant, lui a été utile pour maintenir un certain « ordre » au point de vue familial. Le fait d’être une personne forte, responsable et fiable lui a assuré la reconnaissance de sa famille. Cela lui a permis également de légitimer sa place au sein de sa fratrie, et de lui assurer sa sécurité. Cela a également permis de nourrir les besoins de tout un chacun. Le besoin de soutien du père travailleur et de la mère malade, d’un côté. Et les besoins d’affection, d’hygiène et de repas de ses frères et sœurs de l’autre.
Stratégie inconsciente et automatisme
Elle a endossé ce rôle tôt dans sa vie, et cela s’est perpétué pendant des années, jusqu’à l’adolescence, puis jusqu’à ce qu’elle quitte le cocon familial.
Une fois devenue jeune adulte, elle a continué à fonctionner de la même manière, malgré elle, avec ce programme inconscient.
Elle a reproduit ce comportement de « femme forte » de manière automatique, sans même se poser de question. Pendant toutes ces années, cela aura créé des réseaux neuronaux qui l’amèneront à avoir ce type de comportement par la suite au sein de sa famille…et ailleurs.
Par automatisme, et dans tous les domaines où il s’agira de relations avec autrui, elle va se retrouver en posture de maman, de femme qui « gère », et qui prend beaucoup de responsabilités sur ses épaules. Évidemment, comme elle héberge ce programme en elle, (cette croyance limitante qu’elle doit être forte pour être en sécurité), elle va émaner d’elle une fréquence énergétique correspondant à cette croyance limitante.
C’est à dire que même sans dire un seul mot, les personnes qui l’approcheront sentiront instinctivement qu’elles peuvent compter sur cette femme. Et forcément, elle va avoir tendance à attirer des personnes qui ont besoin d’aide et de soutien. A s’entourer d’individus qui ont des problèmes à régler et qui vont avoir besoin de quelqu’un de fort pour les épauler dans ces moments-là. Il peut s’agir d’amis, de collègues de travail, d’employeurs, de compagnons amoureux.
L’automatisme qui se renforce
Revenons à cette dame qui héberge la croyance limitante « je dois être forte » à l’âge adulte.
Elle va continuer à y croire, puisque dans sa réalité c’est ce qu’elle attire comme contexte, comme personnes et scénarios.
Elle croit qu’elle doit être forte pour être en sécurité. Ceci amène à attirer des personnes qui ont besoin d’elle. Ce qui l’oblige à les soutenir et être forte pour eux. Ce qui la renforce dans sa croyance qu’effectivement les gens ont besoin d’elle parce qu’elle est forte. Et comme elle est forte, elle les aide… Cet automatisme est comme un moulin à eau, il s’entretient et se renforce de lui-même. C’est comme si il y avait un réseau neuronal qui avait été creusé profondément dans son inconscient, comme une autoroute. Et comme l’inconscient aime le connu parce que c’est rassurant pour lui, il va continuer d’emprunter cette autoroute. Cette dame va se retrouver à devoir aider des personnes qui ont besoin d’elle : d’aide, de conseils et de services.
L’automatisme qui crée de la souffrance
A l’âge adulte, à force de vivre ce genre de situations de manière répétée, il se peut fortement que sentimentalement parlant elle attire des hommes qui soient vulnérables, plus fragiles, malades (comme l’était sa mère), ou un peu perdus.
Attirée par des individus qui ont besoin de stabilité dans leur vie, et n’ayant connu que cette façon de fonctionner, elle va continuer de jouer à la sauveuse. Mais au bout d’un moment ce rôle-là va la rendre malheureuse parce qu’elle va se retrouver dans des situations où elle va tout le temps être la solution des problèmes des autres, elle va être entourée de personnes qui comptent sur elle, que ce soit dans le domaine professionnel, familial, amical, ou sentimental. Et au bout d’un moment, elle va en avoir ras-le-bol de se perdre dans les autres, et de mettre tout son temps et toute son énergie à régler des problèmes qui ne la concernent pas. Elle va crouler sous le poids des sollicitations.
Le corps, notre signal d’alarme
Et à un moment, il peut se passer deux choses:
-Elle pourra dire « stop » par lassitude et par fatigue, de manière consciente, parce qu’elle voit clairement ce qui se joue dans sa vie avec son entourage. Elle pourra éviter de voir du monde et rester injoignable. Mais ce n’est pas parce qu’elle est consciente de ce qui se passe qu’elle va pouvoir arrêter son fonctionnement du jour au lendemain. Parce que comme nous l’avons vu, les automatismes mis en place par l’inconscient sont ultra puissants. Et lorsque notre inconscient crois quelque chose, la volonté n’a que peut de poids pour le faire changer d’avis.
-Soit, malgré sa fatigue, son inconscient continue malgré tout de la faire fonctionner comme ça. Parce que pour lui « être forte » c’est une question de survie. Sauf qu’il faut expliquer à son inconscient que le programme qu’il lui avait installé durant son enfance est maintenant désuet. Aujourd’hui elle est devenue adulte, elle ne vit plus chez ses parents, et elle est en capacité de répondre à son propre besoin de sécurité. Et qu’aujourd’hui, dans son quotidien, ce programme la fatigue et la fait souffrir.
Si malgré toute sa volonté cette personne ne peut s’empêcher de fonctionner comme elle le fait, à un moment son corps va lâcher. Soit elle va développer une maladie qui l’obligera à s’arrêter (hernie discale, par exemple) soit elle fera un burnout, ou bien elle finira à la longue par être hospitalisée.
L’automatisme actif hors contexte
Reprenons le cas de cette dame qui arrive dans la vie adulte en hébergeant cette croyance limitante « je dois être forte pour être en sécurité ». Imaginons qu’elle ait la chance à ce moment-là d’être entourée dans sa nouvelle vie de personnes qui sont équilibrées, responsables, saines et bienveillantes envers elle.
Elle se retrouve entourée de personnes qui n’ont besoin de rien. Et lorsqu’elle voudra exprimer ce fameux comportement de « femme forte », ils pourront lui faire remarquer respectueusement qu’ils n’ont pas besoin de son aide. Ni de son soutien, de sa présence, de ses conseils, et qu’elle peut se détendre ou prendre soin d’elle à la place. Le fait d’être privée du fonctionnement auquel elle s’est identifiée va l’insécuriser et la mettre dans un grand inconfort.
Et du coup, parce que son programme inconscient est actif, il se peut que malgré tout, son besoin d’être responsable des autres lui fasse créer des situations où les gens vont avoir besoin d’elle. Où elle va pouvoir prendre des responsabilités alors qu’on ne lui a rien demandé. Elle va se créer un contexte où elle va se mettre en difficulté, où elle va devoir encore gérer les choses, même si on ne lui demande rien. Elle finira par s’en plaindre intérieurement alors que c’est elle qui s’est crée cette situation. C’est dingue, n’est-ce pas?
La puissance de l’inconscient
Pourquoi fait-elle ça? Parce que c’est plus fort qu’elle ! Si elle s’est identifiée à son rôle de femme forte, parce que c’est à travers celui-ci qu’elle s’est construite, et qu’elle est privée de rôle, c’est comme si, d’un coup, elle n’était plus personne. Plus de rôle à jouer, donc plus de raison d’exister…
C’est un programme qui se trouve dans son inconscient, et l’inconscient c’est le substrat à partir duquel les êtres humains créent leur réalité. Notre inconscient détermine la teneur de nos pensées, de nos émotions, de nos comportements, et donc de notre vie! Quand on examine l’activité du psychisme humain, l’inconscient, c’est le chef. Il a 95 % des voix.
S’il croit quelque chose, ça se matérialise dans notre quotidien.
Notre mental n’a que 5 % des voix. Donc tout ce qui dépend de la volonté, de la réflexion, de l’analyse ne pèse pas lourd dans la balance pour changer notre réalité. C’est pour cela qu’il est très difficile d’arrêter de fumer juste par la volonté par exemple. On ne change pas notre réalité en le décidant, ou alors, c’est très long et fastidieux car il y a beaucoup de résistance.
Si le mental entame un bras de fer contre l’inconscient, il est sûr de perdre à 95%.
Ce qui ne l’empêche pas d’essayer, quand-même….
Déprogrammer notre inconscient
Alors quelle est la solution ? Comment faire pour arrêter un fonctionnement qui est plus fort que nous, qui a été utile à une certaine époque de notre vie mais qui nous rend malheureux aujourd’hui ?
Il n’y a qu’une solution à envisager : déprogrammer les croyances qui nous font souffrir et qui nous mettent dans l’inconfort. Et à la place, reprogrammer de nouvelles croyances dynamisantes qui vont nous permettre de modifier nos comportements, et donc notre vie.
Par exemple, si au lieu de la croyance limitante : « je dois être forte» , nous programmons une croyance de remplacement qui dit : « j’ai le droit d’être vulnérable », il y a de grandes chances pour que cette dame arrête de se mettre la pression au quotidien.
Qu’elle s’autorise à montrer ce qu’elle croit être « des faiblesses ».
Ou bien qu’elle apprenne à dire « non » à une sollicitation parce qu’elle préfère écouter son besoin de repos.
Qu’elle exprime ses émotions avec plus de facilité, sans honte, en se sentant en sécurité.
Il se peut même qu’un jour ce soit elle qui s’autorise à demander de l’aide, un conseil, du soutien. Et finalement, qu’elle arrête de jouer ce rôle de femme forte, et qu’elle se laisse aller à davantage de douceur, de tolérance et d’acceptation vis-à-vis de sa sensibilité et de celle d’autrui.
Voilà pour aujourd’hui! Et vous, quelle serait la croyance ou le comportement dont vous aimeriez vous libérer? Si vous aussi, vous avez réussi à vous débarrasser d’un comportement souffrant ou d’une croyance limitante, et que vous souhaiter nous raconter l’impact que ça a eu sur vous, merci de nous le partager dans les commentaires!
Comme d’habitude, je ne le répèterai jamais assez: soyez doux et prenez soin de vous!
A la semaine prochaine!
Celia

