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Le pardon

Comment pardonner? Les bonnes bases

Bonjour bonjour!

J’espère que cet article vous trouve en belle forme! Aujourd’hui, on se retrouve pour continuer notre cheminement sur cette belle thématique du pardon. Nous allons plonger plus en profondeur dans le sujet. Si vous n’avez pas lu le premier article de la série (qui parle du contexte du pardon et de ses bénéfices), vous le retrouverez ici!

1ère base : Ne pas se venger, et faire cesser les gestes blessants

Le mouvement du pardon ne peut s’enclencher tant que l’on veut assouvir notre vengeance. Nous nous épuisons alors dans une situation de victime. La vengeance est un mouvement instinctif qui est ressenti à la suite d’une offense qu’on estime ne pas mériter. C’est une mauvaise conseillère. Elle braque l’énergie et l’attention sur le passé. Du coup, notre présent n’a plus d’espace, et notre futur est vide de projets intéressants. La vengeance incite son auteur à refaire à son tour des gestes méchants. Elle nourrit ressentiment, hostilité et colère. Le stress généré affecte le système immunitaire et provoque toutes sortes de maladies.

Faire cesser les gestes offensants en utilisant toute sa force ne ressemble en rien à de la vengeance. C’est au contraire se respecter sans attaquer l’offenseur. Tant que les comportements offensants continuent, il est inutile de songer à vouloir pardonner.

 

se-protéger

 

Il existe des options pour mettre fin à l’injustice : en recourant notamment à la justice.

Par exemple, j’ai connu des parents qui en ont eu la force et le courage de dénoncer à la police leur propre fils, trafiquant de drogue. Des femmes battues ont surmonté leur peur et ont fait appel à la justice pour se protéger, elles et leurs enfants, contre la violence de leur mari. Il est évident que l’intention qui animait ces personnes n’était pas de se venger, mais de faire cesser la terreur et l’injustice, et éventuellement de faire soigner l’oppresseur.

 

2ème base : Reconnaître sa blessure et son état intérieur

La plupart des névroses ont leur origine dans un refus ou une incapacité de souffrir. En effet, si après avoir subi une offense on ne veut pas reconnaître et s’avouer notre propre souffrance, on risque de ne jamais parvenir au pardon authentique. Le pardon que vous aurez pu accorder ne sera au final qu’une forme de défense contre la souffrance.

Les mécanismes de défense et de résistance à la souffrance

Lorsque la souffrance devient insupportable, le psychisme humain cherche à en diminuer l’impact par divers moyens. Ils permettent aux personnes blessées de survivre puis de poursuivre leurs activités sans s’effondrer totalement.

Rappelons que le déni cognitif consiste à nier l’offense ou à essayer d’en minimiser l’impact.

Les résistances revêtent plusieurs formes : celle de l’oubli, d’abord. On se dit que l’oubli de l’offense, de son impact sur nous serait l’idéal à poursuivre dans l’acte de pardonner.

Ensuite, on s’évertuera à inventer toutes sortes de fausses excuses en vue de décharger l’offenseur de sa responsabilité. Et enfin, rappelons un piège similaire qui consiste à « gommer» un conflit d’un pardon rapide et superficiel.

La résistance émotive

Le sentiment de culpabilité vient de la conscience d’avoir transgressé une loi ou un principe moral qui représente un idéal personnel ou social à réaliser.

La personne qui se trouve dans ce cas dira : « j’ai mal fait, je suis coupable, et je me sens coupable ».

La honte est le sentiment que notre « moi profond », nos déficiences sont mis à nu et exposés au grand jour. La honte fait découvrir combien on est vulnérable, impuissant, incompétent, inadéquat et dépendant. On se sent toujours sous la menace du ridicule et du rejet.

 

la honte

 

La personne qui ressent de la honte affirmera plutôt : « je suis mauvaise et je ne vaux rien. J’ai très peur qu’on me rejette ».

Il y a un rapport étroit entre la honte et le déni émotionnel, et du coup, entre la honte et le pardon. Vouloir pardonner sans prendre conscience de cette humiliation et de la honte qui l’accompagne, c’est avancer sur un chemin miné et sans issue.

La volonté de pardonner camouflera un besoin de se protéger contre la honte et le fait de se sentir petit. Le défi majeur à relever durant la phase émotionnelle du pardon, c’est justement de reconnaître son sentiment profond de honte pour l’accepter, le relativiser et l’intégrer.

Les différents types de réaction suite à une offense

Généralement, nous sommes plus blessés par notre propre interprétation d’un événement que par l’événement lui-même. Différentes réactions sont possibles par rapport à une trahison, une agression ou un affront.

Il y a celui qui se considère comme la cause totale et unique de l’ événement malheureux. L’individu se condamne à se sous-estimer, et du même coup, à tomber dans l’impuissance à réagir. Il suffit d’écouter son dialogue intérieur. Cette personne a tendance à se rabaisser d’une manière radicale. Elle entretient des propos du style: « Depuis toujours, je suis maladroit et incapable », au lieu de s’encourager en se disant : « j’ai fait une erreur qui est réparable ». Elle pourra dire aussi: « je suis l’unique responsable de mon malheur » au lieu de se rendre compte qu’elle n’est pas la seule responsable, et qu’il y a d’autres acteurs impliqués dans cette situation.

Et il y a celui qui se voit comme l’éternelle victime : « ça n’arrive toujours qu’à moi », au lieu de se dire : «c’est l’effet d’un contexte particulier ».

3ème base : Partager sa blessure avec quelqu’un

Entre la réaction de défense de la personne qui s’isole, et celle du souffre-douleur qui joue au martyr, il existe une option plus saine et plus prometteuse de guérison. C’est le fait de partager sa souffrance avec quelqu’un qui sait nous écouter sans nous juger, sans moraliser, sans nous accabler de conseils. En parler avec quelqu’un de grande empathie, et faire un inventaire précis des pertes causées par cette offense.

Cette prise de conscience vous aidera à en faire votre deuil. Car si vous ne faisiez pas le deuil de ce que vous avez perdu, vous ne pourriez pas vraiment pardonner! Cette démarche entraînera un allégement de votre poids émotionnel, et la clarification de votre situation.

Les blessures et déceptions les plus dures à reconnaître et à identifier sont celles qui remontent à l’enfance. Elles continuent de faire sentir leurs effets d’une manière inconsciente bien des années après.

Il m’est arrivé de rencontrer des personnes qui malgré toute leur bonne volonté se disaient incapables de pardonner de simples broutilles. Leur incapacité à pardonner les humiliait et les faisait souvent se sentir très coupables.

Les conditions idéales du pardon

La réussite du pardon émotionnel dépend de trois conditions essentielles :

-la reconnaissance de la faute par l’offenseur,

-l’expression de son regret

-et sa décision de ne plus récidiver.

C’est là que l’on peut mieux comprendre l’adage : « faute avouée à moitié pardonnée ». C’est au moment où l’on entend la personne regretter sincèrement son acte que l’on peut sentir s’évaporer tout à coup en soi tout ressentiment. Sans avoir même songé à le faire, on peut lui avoir déjà pardonné.

 

pardon

 

Que faire quand le partage avec l’offenseur est impossible ?

Qu’arrive t-il si la personne coupable de l’offense ne veut ni en entendre parler, ni le reconnaître, ni en parler, comme c’était le cas de cette jeune fille victime d’inceste de la part de son père ?

À la suite d’une thérapie, elle sentait le besoin de lui dire les conséquences désastreuses des abus sexuels qu’il lui avait fait subir. Elle se voyait pressée par le temps car son père était atteint d’un cancer avancé. De son côté, son père avait toujours évité d’aborder le sujet. Sans dialogue possible avec son père, elle se croyait dans l’impossibilité de lui pardonner.

Je lui ai alors conseillé d’utiliser le « langage silencieux » du cœur pour soulager sa peine et son agressivité. Et pour lui pardonner, éventuellement. Pendant les moments de silence auprès de son père, le but était de créer un rapport profond avec lui en synchronisant sa respiration avec la sienne. Puis elle lui racontait dans son cœur toutes les souffrances occasionnées chez elle par l’inceste. Après plusieurs visites où elle laissait parler son cœur, elle avait fini par sentir le pardon monter en elle. Elle en avait ressenti un profond soulagement. Et étrangement, son père lui parut beaucoup plus calme.

4ème base : Accepter la colère et l’envie de se venger

Il arrive souvent que le mot « colère » évoque chez les gens des scènes d’une extrême violence. Et ça entraîne une grande peur de ressentir cette émotion.

Certains idéaux spirituels et moraux nous empêchent de voir dans la colère et dans l’envie de se venger des réalités psychologiques saines, en soi.

 

 

Cela amène à refouler tout sentiment d’agressivité. Souvent, il arrive qu’on oppose pardon et colère. Dans cette logique, pour arriver à pardonner, il faudrait d’abord étouffer tout sentiment de colère et chasser toute pensée de vengeance. Au final, on encourage la répression de tout sentiment dit « négatif ».

Cette démarche me paraît sans issue. Car, tout comme le pardon est impossible à accorder s’il n’a pas été précédé d’une prise de conscience et d’une acceptation de sa honte, il sera également impossible si on étouffe sa colère et son goût de vengeance.

Ne pas reconnaître et accepter sa colère et son envie de se venger sous prétexte de vouloir pardonner, c’est se mentir à soi-même, et on se met à pardonner l’autre pour la forme. Mais attention, il ne s’agit pas ici d’encourager ou de nourrir le ressentiment.

Différencier la colère du ressentiment

Il faut distinguer deux choses que l’on confond trop souvent : d’un coté, l’émotion spontanée et passagère de la colère. De l’autre : le sentiment volontaire et entretenu de la haine et du ressentiment.

La colère contient malgré ses apparences des éléments positifs. C’est une réaction normale à un acte d’injustice. Une recherche d’authenticité et un effort pour enlever l’obstacle qui fait écran à l’amour d’autrui.

Le ressentiment, par contre, s’implante dans le cœur humain, et le pollue. Il camoufle une colère sourde et tenace qui n’est assouvie que lorsque l’offenseur est puni ou humilié. Il peut prendre différentes formes : sarcasme, mécontentement constant, haine sur la durée, attitude méprisante, hostilité et rancune systématiques, critiques blâmantes, et passivité agressive qui empêchent toute joie dans les relations.

Aussi longtemps que l’on ne veut pas reconnaître sa colère et en tirer le meilleur parti possible, il y a danger qu’elle pourrisse à l’intérieur de soi et se transforme en ressentiment et en haine.

Les effets néfastes de la colère refoulée

Réprimer sa colère, c’est s’enfoncer dans des sables mouvants, sans espoir d’en sortir. Quand une émotion est refoulée parce que jugée inacceptable par la société, on peut s’attendre à ce qu’elle surgissent tôt ou tard, comme une bombe à retardement. La colère réprimée peut se déplacer et s’attaquer à des objets, des êtres innocents, des animaux ou des personnes.

Il arrive souvent que des crises de violence tirent leur origine de l’accumulation de petites colères refoulées. Un des effets les plus courants du refoulement de la colère est la tendance de prêter aux autres son propre sentiment d’irritation.

L’individu qui n’a pas pris conscience de sa propre colère a tendance à la transférer aux autres.

Une autre déviation de la colère consiste à la retourner contre soi-même. Cela se produit chez les personnes qui s’interdisent le moindre mouvement de colère et qui se culpabilisent dès sa première manifestation. Ainsi elles s’accusent, s’auto-punissent, quand elle ne sombrent pas dans une dépression nerveuse.

Les côtés bénéfiques de la colère

La colère n’a rien de mauvais en soi. Au contraire, elle est saine, et relève d’un instinct de survie physique, psychologique et moral.

Son effet, bénéfique ou non, dépend de l’usage que l’on en fait. Bien utilisée, elle sert au bon fonctionnement des relations humaines. Dans tous les cas, il est important de défendre ses frontières et ses valeurs et de le faire parfois avec vigueur.

À l’opposé de ce qui se passe quand on affiche une attitude d’indifférence ou d’agressivité rentrée, l’expression d’une colère justement dosée implique le désir de rétablir le contact. L’affirmation de soi, même colérique, cherche à enlever les obstacles à la communication et à l’amour.

D’autres effets bénéfiques découlent de l’agressivité non refoulée et assumée, comme par exemple, celui de nous amener à découvrir les valeurs qui nous tiennent le plus à cœur. La colère a donc ici comme effet de montrer avec plus de clarté ce qu’on veut être et faire.

Elle sonne l’alarme, elle m’avertit du danger qu’un autre puisse abuser de moi ou envahir mes frontières personnelles. Ou encore, la colère me fera réagir devant les injustices commises envers une personne ou un groupe d’individus. En somme, elle réveille en moi l’énergie morale requise pour affronter le mal et l’injustice.

 

gestion des émotions négatives

 

Maîtriser sa colère pour la mettre à son service

 

Si le refoulement de la colère et de l’envie de se venger conduit à des impasses, que faut-il faire au juste ? Les laisser bouillonner en soi ou les apprivoiser ?

Il faut savoir que lorsqu’elles sont l’objet de crainte et sont refoulées dans l’inconscient, elles forment des noyaux d’émotions et d’images quasi autonomes, qui vont former « l’ombre » de la personnalité. Celle-ci devient anarchique et incontrôlable, aussi longtemps que la personne refuse d’en prendre conscience et tente de la fuir.

Il n’existe pas d’émotions négatives en soi. Elles demandent juste à être reconnues, gérées, et utilisées à bon escient.

Se détacher du ressentiment

Certaines personnes blessées refusent d’abandonner leur ressentiment. En effet, elles craignent que si elles acceptent de le transformer, elle se trahiront elle-même.

Elles croient à tort que garder bien vivant le ressentiment pourra sauvegarder leur dignité humaine et leur éviter de s’exposer à d’autres humiliations de la part de l’offenseur.

Certes, l’intention de faire respecter sa dignité personnelle est noble, mais il est certain que cultiver son ressentiment conduit à la détérioration de soi, ainsi qu’à des cycles de vengeance stérile.

Or, il existe d’autres moyens de maintenir sa dignité et estime de soi sans pour autant se laisser ronger et détruire par sa propre animosité. D’autres individus estiment que le ressentiment et la haine peuvent servir de moteur, et les motiver pour se prouver à eux-mêmes et aux autres leur valeur et leurs capacités. Une fois leurs preuves obtenues, ils pourront alors lâcher ce mode de fonctionnement et songer à pardonner.

Voilà pour aujourd’hui! Vous connaissez désormais les bases saines à poser pour réussir votre démarche de pardon! Si vous voulez en savoir plus sur l’étape suivantes, lisez l’article: « Comment se pardonner à soi-même? », qui est l’étape indispensable pour une véritable transformation.

C’est un sujet qui me tient particulièrement à coeur. Il a eu un effet transformateur sur ma propre vie et sur les gens autour de moi qui l’ont pratiqué. On ne traite pas le pardon à la légère, et il est important d’en connaître les tenants et les aboutissants. Si vous pensez que cet article pourra aider quelqu’un à dépasser une épreuve, si vous avez quelqu’un en tête en ce moment précis, alors merci de le lui partager.

A bientôt…et d’ici là : soyez bons, soyez doux, et prenez soin de vous!

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