
Comment se pardonner à soi-même?
Bonjour à toutes et à tous !
La semaine dernière, nous avons parlé de pourquoi il est primordial de pardonner, et des bénéfices qui en découlent. Aujourd’hui, nous allons voir ensemble ce qui fait que le pardon à soi-même est LE moment décisif de la démarche du pardon. Je vous donnerai des clefs concrètes pour vous aider à vivre au mieux cette étape.
Avant de pouvoir pardonner aux autres ou à la vie, nous devrons d’abord passer par le pardon à soi-même. Celui qui veut pardonner aux autres mais qui ne parvient pas à se pardonner, se retrouvera dans une impasse. Nos efforts seront neutralisés par le ressentiment que l’on se porte à soi-même.
Le pardon à soi-même reste l’une des plus grandes pratiques de guérison.
Seul le pardon que nous nous accorderons réussira à rétablir la paix en nous. Il nous donnera seulement ensuite la possibilité de pardonner à l’autre.
L’origine du manque d’estime de soi
On peut distinguer trois principales sources de mésestime de soi.
-D’abord, la déception de ne pas avoir été à la hauteur de l’idéal rêvé, d’avoir transgressé nos valeurs morales. Cela vient de la recherche d’un bonheur ou d’une perfection absolue. Nous venons à nous culpabiliser dès qu’on se rend compte que nous avons failli au respect de ses règles. Prendre conscience de nos valeurs morales nous aidera à identifier la source principale de notre honte.
Ce qui nous est demandé ici est d’apprendre à accepter notre humanité, et à tolérer notre sentiment de culpabilité de ne pas être parfait.
-Ensuite, une autre source est le sentiment de ne pas « être assez bien ».
Cela provient des messages négatifs (d’ordre verbal ou non-verbal) reçus des parents et des personnes importantes dans notre environnement proche.
-Enfin, la troisième source possible du sentiment de culpabilité et de malaise envers soi-même, vient de notre ombre. Elle englobe les aspects de soi que l’on n’a pas su ou pas pu développer, parce qu’on les croyait « inacceptables » par notre milieu social. Nous les avons donc enfouis dans notre inconscient.
Notre « ombre » refait surface à chaque blessure ravivée
C’est ce que l’on fait par exemple avec l’agressivité qu’on a du mal à assumer. Elle refera surface au moment où nous serons blessé, et sautera sur l’occasion pour pouvoir s’exprimer. Si à ce moment-là elle n’est pas reçue et acceptée, elle risque de se retourner contre la personne qui la refoule. Elle se transformera ensuite en auto-accusation maladive.
L’identification à l’agresseur
Ce qui peut arriver par exemple lorsqu’on est offensé, c’est de s’identifier à l’agresseur. C’est un mécanisme de survie : pour échapper à l’état de victime, nous allons en quelque sorte « remplacer » l’offenseur lui-même. La victime à l’illusion de se sauvegarder une certaine dignité ou un semblant de puissance ou d’autonomie. Mais le problème est qu’une fois l’offense disparue, on continue à être son propre persécuteur. Et on devient en quelque sorte son complice. Cette auto-flagellation empêchera de progresser dans la voix du pardon.
Le mal qui a été fait à l’offensé l’amène à ruminer les paroles blessantes, à revoir les images de l’événement, et à ranimer les émotions vécues. Naissent alors des rancœurs et des rancunes qui nous enferment dans un schéma intérieur destructeur. Nous ressentons un mal-être où règnent la souffrance, la violence et l’isolement. La personne offensée à de grandes chances de retourner contre elle-même et contre les autres les abus qu’elle a vécu.
L’acceptation de notre imperfection
-par rapport à notre enfance
L’autre n’est souvent qu’un paravent mais, au final, il n’y a de ressentiment que pour soi-même.
Il est donc primordial de se pardonner à soi-même pour cette raison essentielle que, contrairement à ce que nous avons toujours pensé, nous sommes innocents. Innocents de tout ce dont nous nous accusons. D’avoir fait souffrir notre mère. Innocents de ne pas avoir été assez sage, ou de lui avoir donné du fil à retordre… Lorsque nous sommes enfant, nous vivons dans notre univers. Et la seule chose que nous voulons c’est être aimé, ou bien, éviter de perdre cet amour. Les stratégies inconscientes qui se mettent en place à ce moment-là pour obtenir de l’amour peuvent nous amener à avoir des comportements inappropriés. Mais sachons que nous sommes innocents de toutes ces choses qui nous paralysent de culpabilité. Nous avons toujours fait du mieux que nous pouvions avec nos capacités et compréhensions du moment.
-par rapport à l’adulte que nous sommes
Donnez-vous le temps d’apprendre.
Il est utile de réaliser qu’avec les conditionnements qui nous sont propres (éducation, scolarité, emplois, médias…) et les expériences qui nous ont façonnées, nous sommes tous devenus des êtres humains imparfaits. Rares sont ceux qui peuvent dire « je n’ai jamais été blessé » ou « je n’ai causé de tort à personne ».
Sans oublier toutes ces fois où l’on se fait du mal à soi-même, parfois inconsciemment. Comment? En se jugeant ou en culpabilisant de ne pas correspondre à l’idéal que l’on s’est fixé. Nous faisons tous des erreurs, et c’est seulement après avoir traversé ces expériences que nous devenons meilleurs. Et le fait d’intégrer cela rend nos erreurs moins honteuses et plus supportables. Apprenez à démasquer ce sentiment de honte qui se dissimule sous différentes formes : la colère, la volonté de puissance, la rigueur morale, le complexe de l’éternelle victime et le perfectionnisme.
Le prix que l’on doit payer pour le manque d’acceptation et d’estime de soi est très élevé : la névrose. C’est lorsque l’on vit un état de guerre avec soi-même.
De quoi pouvons-nous nous pardonner?
Nous pouvons avoir plusieurs raisons de se pardonner :
-Pour nous être mis dans une situation où l’on a été blessé.
-Nous être laissé dénigrer et définir par les messages négatifs de nos parents et éducateurs
-De ne pas avoir su quoi faire, quoi dire.
-Nous être crus tout puissants comme des dieux et en avoir payé les conséquences
-D’avoir permis à nos émotions refoulées de se retourner contre nous
-Le fait d’avoir enduré trop longtemps une mauvaise relation.
-D’avoir récupéré le rôle de notre offenseur, au point de revivre inconsciemment en nous ses gestes offensants
-Pour notre caractère perfectionniste qui ne permet aucune erreur, à soi-même ou aux autres
Nous libérer du passé
La culpabilité est l’un des principaux poisons de l’existence humaine. Et s’en libérer est un cadeau que l’on se fait. Cela permet d’avancer dans la vie. Il est vital de passer à autre chose. Dites-vous bien que, quoi que vous fassiez ou disiez aujourd’hui, rien ne changera le passé. C’est justement cette volonté de le changer qui vous tiendra prisonnier.
Accepter le passé tel qu’il est peut être perçu comme une forme de résignation. Autant accepter le passé tel qu’il est. Vos erreurs ne seront plus perçues comme des échecs, mais comme des apprentissages. A ce moment-là uniquement, vous pourrez passez à autre chose, et vivre autrement : c’est à dire pleinement.
Considérons dès aujourd’hui que l’important n’est pas ce qui s’est passé, quoi qu’il se soit passé, mais ce que nous allons en faire. Et il ne tient qu’à vous de forger votre futur ! Vous êtes libre d’évoluer, ne l’oubliez jamais ! Ainsi, en agissant dans ce sens, vous prendrez petit à petit confiance en vous et oublierez votre culpabilité, tout en étant fier de qui vous êtes aujourd’hui.
Remettre les choses dans leur contexte
Prenez conscience de la situation qui vous a influencé, de la raison qui vous a poussé à la faute.
Nous nous focalisons souvent sur les erreurs que nous avons commise sans nous rendre compte du contexte de l’époque, ou de la raison qui nous a poussé à le faire. Il est donc essentiel de tenir en compte tous les paramètres avant de nous immerger dans un mal-être inutile. En faisant cela, il y a de fortes chances que nous nous rendions compte que cette soit-disant « erreur » n’en était pas une. Notre marge de manœuvre était peut-être limitée à ce moment-là. C’était la chose la « moins pire » pour nous et notre entourage, parmi les rares possibilités à notre portée. Ou bien, ce choix ou cette action était peut-être LA chose nécessaire à faire.
Découvrir nos besoins cachés
Derrière chaque critique, chaque reproche, chaque plainte se cache un besoin non satisfait. C’est valable pour ce que vous vous dites à vous-même, et pour ce que les autres vous disent . Si par exemple vous dites à votre conjoint « j’en ai ras le bol de tout faire toute seule ! », ça veut dire que vous avez un besoin de soutien et de coopération.
« Mais tu ne m’écoutes jamais ! », ça veut dire que vous avez besoin d’attention et de partage de la part de l’être aimé. Et ça marche de la même manière avec nos comportements !
Prenons deux exemples concrets. Par le passé vous avez menti à une personne qui vous était chère par peur de la perdre. Ou bien vous avez abandonné un projet dans lequel vous vous étiez engagé, parce que vous vouliez éviter de rentrer en conflit avec les autres personnes du groupe. Dans le premier cas, les besoins cachés étaient la sécurité affective et l’amour. Dans l’autre cas, le besoin d’harmonie et de coopération. Mais ce ne sont que des exemples. Et ces besoins peuvent être complètement différents selon les personnes !
Dans cet exemple, les stratégies inconscientes (mensonge et fuite) qui se sont activées pour éviter les conséquences négatives redoutées (perte de l’aimé et les conflits avec autrui) ont certainement entrainé des dégâts différents de ceux que la personne voulait éviter, sinon pires.
Que vous ayez des conséquences lourdes ou plus légères à vous pardonner, prenez ce temps pour évoluer moralement. Le fait de rechercher le besoin caché derrière votre attitude pour permettra une compréhension limpide du « pourquoi », et une acceptation de votre comportement. A partir de ce moment-là s’ouvre pour vous une voie vers la guérison, et une communication plus saine avec vous-même, et aussi avec les autres.
Nous exprimer à cœur ouvert
Vous pouvez vous faire accompagner dans cette démarche par un thérapeute. Et en même temps, certaines erreurs nécessitent non seulement une prise de conscience, mais aussi des actions concrètes pour vous aider à dépasser un mal-être. Donc, il est important d’apprendre à en parler et à demander pardon pour pouvoir se défaire de ce malaise intérieur qui vous ronge.
Ce que je vous conseille, si vous avez peur de vous adresser directement à la personne à qui vous avez causé du tort, ou si elle n’est plus là, c’est de lui écrire une lettre. Le but ici n’est pas de lui envoyer.
Guérir avec l’écriture
Cette lettre va vous permettre de déverser sur le papier tout ce qui vous fait vous sentir coupable et honteux. Qui vous fait vous sentir mal vis à vis de l’autre, et de vous-même. Dans cette lettre, vous n’allez parler que de votre propre point de vue, en employant le « je ». A aucun moment vous n’accuserez l’autre. Vous ne parlerez que de la façon dont vous avez raisonné face à cette situation, et comment vous l’avez vécu. Ce que vous avez ressenti (juste avant, pendant, et après). Ne parlez que de votre expérience subjective. Ecrivez autant que vous voulez, comme ça se présente à vous. Jusqu’à ce que vous n’ayez absolument plus rien à dire. Terminez en présentant vos excuses à la personne.
Après avoir fait cela, vous sentirez une clarification de votre vision de la situation. Vous ressentirez un apaisement certain et un profond soulagement.
Une fois que vous avez le recul nécessaire, sur une autre feuille, vous pourrez aussi écrire comment vous auriez géré les choses en tenant compte de tout ce que vous avez traversé. Avec votre regard plus neutre sur la situation, vous pourrez remonter le fil et voir à quel moment les choses ont mal tourné. De voir s’il y avait des signes avant-coureurs. Peut-être de faire émerger de nouvelles façons d’agir, de réagir, ou de communiquer. De voir les valeurs qui étaient en jeu, celles que l’on a priorisé et celles que l’on a transgressé. D’avoir quelques idées de certaines dispositions à prendre pour éviter qu’une situation similaire se présente à nouveau. Et comment y remédier de manière « écologique » si cela arrivait. L’important est de transformer cette expérience en apprentissage.
Apprenez à vous dire que vous avez évolué moralement, c’est une manière de reprendre confiance en votre valeur. Malgré vos erreurs, sachez que vous valez tellement mieux que ce que vous pensez!
Voilà, j’espère que cet article pourra vous aider à naviguer de manière plus assurée et éclairée dans cette démarche de pardon. Si vous souhaitez lire le dernier article de la série, cliquez ici: « Comprendre son offenseur et donner du sens à son expérience ».
Si vous pensez qu’il pourrait être utile à une personne de votre entourage qui est en proie avec la culpabilité, la honte ou le mal-être, merci de le lui partager.
Faisons de notre mieux pour apporter sous une forme ou une autre un peu plus d’amour et de paix sur cette planète. Je compte sur vous !
A bientôt !

