
Comment passer de l’état d’esprit de victime à celui de guérison ?
Bonjour bonjour! Comment allez-vous?
Avez-vous tendance à être entourée de gens qui se plaignent, ou à qui il arrive toujours des péripéties improbables? Il y a véritablement des gens qui attirent ce genre de situations malgré eux. Peut-être est-ce votre cas? Comment sortir de ces schémas répétitifs et inconfortables? Nous allons voir ensemble qu’il y a deux types d’état d’esprit pour faire face aux imprévus existentiels : celui de victime et celui de guérison. Commençons !
1) Esprit de victime : les choses arrivent hors de mon contrôle.
On va avoir l’impression d’être tout le temps déçu, que rien n’est de notre faute, qu’on subit ce qui nous arrive. Et à force de répétitions, on va aller jusqu’à croire à des croyances limitantes telles que : la vie est contre moi , les gens me mettent des bâtons dans les roues, les autres me veulent du mal, je n’ai pas le droit d’être heureuse… Et plus vous vivrez ce genre de situations, plus votre inconscient y croira… et plus vous le vivrez.
Le bénéfice secondaire (l’avantage) de ce comportement conditionné de victime, c’est de se déresponsabiliser -ou d’être dans le déni de sa propre responsabilité.
En effet, le sens des responsabilités peut nous angoisser. Et nous souhaitons fuir cet état interne désagréable. Il se peut aussi que l’on n’ait pas pris conscience de notre propre responsabilité. On ne voit que le côté inconfortable, lourd et contraignant de la responsabilité.
La responsabilité nous met face à nous-mêmes. C’est également la prise de pouvoir de notre propre vie qui peut nous faire peur. Serais-je à la hauteur ? Parce que si on arrête d’être une victime, on n’a plus d’excuse. Donc on n’a plus le droit de se plaindre. On se met à chercher et à trouver des solutions. Et on ne peut plus attirer l’attention avec nos problèmes. Si on s’identifie au rôle de victime, pour pouvoir en sortir, il faut renoncer à son identité de victime… Et donc aux bénéfices secondaires que l’on va en retirer. C’est-à-dire : la passivité, le regard compatissant des autres, et l’évitement de la remise en question. On reste une victime tant que l’on croit que l’on tirera plus de bénéfices en laissant les choses telles quelles, surtout par rapport au regard des autres.
Il y a quelque chose d’infantile dans cet état d’esprit, car être une victime à l’âge adulte, c’est avoir besoin inconsciemment d’être materné et défendu comme un enfant. C’est pouvoir se plaindre auprès de « Maman », qui va nous consoler. C’est un peu comme si on était dépossédé de notre pouvoir personnel.
L’état d’esprit de guérison : les choses arrivent mais je peux choisir la façon dont j’y réponds émotionnellement.
L’état d’esprit de guérison, c’est un état d’esprit mature. C’est reconnaître qu’il y a des choses qui ne dépendent pas de moi, et sur lesquelles je n’ai aucun contrôle. Ça suppose paradoxalement de lâcher la toute-puissance de l’enfant (« je veux tout et tout de suite! »). Des choses arrivent, mais là où j’ai ma responsabilité, c’est la façon dont je décide de les vivre et le regard que je porte sur elles. Et c’est ça qui va conditionner mes réactions émotionnelles.
« Ce ne sont pas les choses qui nous troublent, ce sont les jugements que nous portons sur les choses ». Épictète
Ça veut dire aussi faire un pas de recul par rapport à la montée émotionnelle. Observer ce qu’il se passe à l’intérieur de soi. Être observateur de ce qu’il se passe, c’est se laisser traverser par mon monde émotionnel. C’est être présent pour le laisser s’exprimer, c’est l’évacuer, tout en étant là, lui faire face et l’accueillir. Cela suppose aussi comprendre que je peux choisir la façon dont je réponds émotionnellement à la situation. Comment? En comprenant le mécanisme à l’œuvre qui me fait rentrer dans le débordement émotionnel. Quelles sont les causes de ce débordement émotionnel ? C’est une représentation irréaliste, une interprétation faussée ou limitée de la situation, et un mauvais positionnement de moi-même par rapport aux choses.
Si je ne me vois que comme victime, forcément je vais me sentir écrasé, frustré, véxé, déçu, chagriné… sans voir que ce sont mes propres attentes qui sont à l’origine de ces états internes désagréables. Finalement, nous sommes tributaires des histoires mentales que nous nous racontons dans notre tête, des interprétations que l’on fait des événements, des attentes que l’on a par rapport aux autres…
Et quand les choses n’arrivent pas comme nous les avions prévues, nous subissons nos propres réactions émotionnelles. Au final, ce n’est pas la situation qui est problématique. La situation est ce qu’elle est. Les choses arrivent. Et ce n’est pas cela qui est la cause de ma réponse émotionnelle, c’est mon interprétation. Moins je vois cela clairement, plus ma réponse émotionnelle est mécanique. Elle semble m’échapper. Et du coup, je me vois victime de la situation. Il s’agit ici de renverser les rôles et de devenir «disciple» de la situation. Et on se met à apprendre de la situation. Etre responsable, c’est être autonome. C’est prendre en charge ses propres choix et actions, et les conséquences que cela implique.
2) État d’esprit de victime : on se plaint des gens et des circonstances pour la situation présente / Etat d’esprit de guérison: Travailler à comprendre son propre rôle et responsabilité dans la situation actuelle.
Au lieu de se plaindre ou de se morfondre, on essaye de comprendre les autres. On essaye de voir. Pour sortir de cet état de plainte et de complaisance, il s’agit de travailler à comprendre notre propre responsabilité, notre propre rôle dans la situation. Et où est la responsabilité ? Elle est avant tout dans « comment » je me positionne. Elle est dans l’observation de mes pensées, qui est la cause de ma réponse émotionnelle.
Quand on se plaint des gens, c’est généralement au sujet de ce qu’ils ont dit, de leur comportement… mais pour eux comme pour nous, ce qui est dit ou fait, c’est une réaction émotionnelle conditionnée. C’est-à-dire que les personnes vont réagir pour la plupart à des croyances limitantes, à des associations qui vont se faire dans leur esprit : « il se passe cela, donc ça veut dire que… ». Et ces personnes qui vous causent de la souffrance font elle-même du mieux qu’elles peuvent avec leur vécu, leurs propres conditionnements et leurs capacités du moment. Donc on peut avoir la sensation d’être victime de quelqu’un, alors que finalement l’intention de base de cette personne était bienveillante. Elle n’avait pas l’intention de blesser.
« L’enfer est pavé de bonnes intentions » ( Saint Bernard de Clairvaux, XIIe siècle). Cela veut dire que même les meilleures pensées peuvent conduire au pire résultat. Malgré le fait qu’une personne soit animée de toute la bonne volonté du monde, elle peut arriver à créer des résultats catastrophiques. À qui cela n’est jamais arrivé ?
On peut aussi se demander, si on a blessé l’autre : « qu’est-ce qui, dans mon comportement, dans ma réaction, aurait pu faire du mal à l’autre ? » Est-ce qu’à un moment j’ai dit quelque chose qui aurait pu le blesser ? Etait-ce l’intonation? Est-ce que l’intention derrière ce que j’ai dit était bonne ?
Si j’étais à la place de cette personne, avec son vécu, ses capacités du moment, et tous ses paramètres existentiels qui m’échappent, n’aurais-je pas fait comme elle?
On se rendrait peut-être compte que la réaction qu’elle a eu était la meilleure chose qu’elle pouvait offrir à ce moment-là… Il est important dans ces cas-là de ne pas faire de suppositions envers les intentions de la personne.
3) État d’esprit de victime : ressens souvent du regret au sujet du passé.
L’état d’esprit de victime est tourné vers le passé, il regarde dans le rétroviseur. Il ressasse les bons comme les mauvais souvenirs. C’est encore un mauvais positionnement, car c’est comme si on allait pouvoir changer quoi que ce soit au passé, juste en y repensant sans cesse. Donc c’est nourri par une illusion, une confusion par rapport à nos possibilités d’action. Il n’est pas possible de changer le passé. Donc regretter, c’est à la fois refuser et résister à ce qui a été.
Tant qu’on a pas accepté que le passé est révolu, on restera victime. Par contre, si on se tourne vers le présent en se demandant « que puis-je faire maintenant pour améliorer la situation ? » ou « Que puis-je plutôt changer en moi pour grandir ? », à ce moment-là, on sera dans l’esprit de guérison.
C’est une forme d’auto-sabotage. C’est-à-dire que l’on est dans le présent en train de penser à quelque chose qui est terminé. Ressasser les vieux souvenirs (que ce soit le « bon vieux temps » imprégné de nostalgie, ou que ce soit des traumas ou des histoires difficiles) non seulement cela ne résout rien, mais en plus cela nous empêche d’être dans le moment présent, qui est neuf et frais à chaque instant, avec une infinité de possibilités à chaque seconde.
C’est une façon de passer à côté de la vie, de se polluer la tête. Quand on se rend compte au bout d’un moment que l’on est dans la tristesse, le regret, ou la culpabilité, cela veut dire que l’on est en train de se faire du mal avec le passé. Le mot nostalgie vient de «nost» qui veut dire « retour » et « algie » qui veut dire « le mal, la douleur ». La nostalgie, c’est la souffrance que génère la volonté de revenir en arrière. Et vu que c’est impossible, ça ne peut que nous faire du mal.
Etat d’esprit de guérison : chaque situation apporte un retour d’expérience pour grandir et évoluer.
Donc pour en finir avec le passé, il s’agirait de voir clairement qu’à l’époque lorsque l’on a agi tel que nous l’avons fait, nous faisions du mieux que nous pouvions avec ce que nous étions à ce moment-là. Avec les ressources que nous avions dans ce contexte particulier. Donc nous faisions toujours de notre mieux avec tous les paramètres intérieurs et extérieurs de l’époque.
Même si nous avons fait des choses qui n’étaient pas correctes ou bien intentionnées, l’important c’est de se pardonner à soi-même. Et à partir de là : qu’est-ce que je peux retenir comme leçon pour agir différemment si jamais cette situation se représente ? Qu’est-ce que je peux intégrer comme apprentissage ?
4) État d’esprit de victime : cherche chez l’autre une validation à ses propres limites ou manquements.
Au lieu de regarder en soi, la victime va avoir tendance à se mettre en référence externe. C’est à dire à se préoccuper du regard des autres, de son image, de sa propre défense.
Au lieu de prendre la responsabilité de ses propres manquements, la victime rend les autres responsables de ses erreurs, de ses actes manqués, de sa négligence, de sa lâcheté…
Mais aussi, par son comportement et son état d’esprit de victime, elle va tomber sur des personnes qui vont aller dans son sens, s’apitoyer sur son sort…Elles vont la valider dans le fait qu’elle n’a pas de pouvoir, elles vont lui dire qu’il n’a pas de chance et qu’elle a raison de se plaindre. Ils vont lui renvoyer une image de « petite personne fragile », en manque d’autonomie pour pouvoir se débrouiller toute seule. Ce que la victime croit à son sujet et au sujet de la vie, sa réalité va lui confirmer qu’elle a raison. Donc si « une victime » croit que la vie est contre elle, que les gens sont malveillants, c’est effectivement ce qu’elle va vivre dans sa réalité. Et quand elle va en parler autour d’elle, son entourage va lui confirmer qu’elle a raison de croire tout cela. « Oh ma pauvre chérie, tu n’as vraiment pas de chance ! ». C’est un mécanisme pernicieux.
À force de se plaindre, il se peut même que la « victime » finisse par faire fuir certaines personnes de son entourage. Et à ce moment-là, si certaines personnes la délaissent alors qu’elle a besoin d’aide, cela va renforcer sa croyance que « la vie est dure » ou que « les gens sont lâches». Et la boucle est bouclée.
État d’esprit de guérison : passe du temps seul. Observe ses pensées et ses comportements.
Ce point renvoie à ce que nous avons dit précédemment. C’est à dire de comprendre notre mécanisme émotionnel, de voir à quel point on est responsable de nos émotions, de nos réactions, de notre propre évolution. Et que tout cela réside dans nos pensées et dans nos actes. Le fait de passer du temps seul, ça veut dire être face-à-face avec soi-même. C’est être face-à-face avec la solitude et tout notre monde émotionnel. On ne peut plus mentir. Quand on n’est pas bien, on ne peut plus faire semblant en portant un masque social. Et ça demande d’avoir l’envie et le courage de voir les choses clairement.
Quelque chose qui peut vous aider en ce sens, c’est de faire du « journaling ». On prend un cahier et un stylo, et on écrit toutes les pensées qui nous viennent sans réfléchir. On note ce que l’on ressent à l’intérieur de notre corps. Les émotions qui nous traversent. C’est laisser de la place pour l’expression pleine et entière de notre monde émotionnel. Par chance, nous arriverons à « vidanger » nos émotions refoulées en pleurant s’il le faut. Et profiter de ce moment pour se laisser traverser par nos émotions en toute honnêteté.
C’est aussi observer ce que nous raconte notre mental. De voir d’où vient cette phrase qui tourne en boucle. De qui ça vient? Est-ce que cela nous appartient ? Ce que me dit mon mental est-ce vraiment vrai ? Et généralement, les voix dans notre tête sont des plats réchauffés que le mental nous ressert régulièrement depuis des années voire des décennies.
Dans la bibliothèque de notre inconscient, tout notre vécu a été répertorié en souvenirs plus ou moins marquants. Et la façon dont nous agissons face aux situations présentes, c’est une réaction par rapport à une situation similaire vécue dans le passé, qui nous a fait vivre une blessure particulière. En réaction et pour nous protéger, nous allons agir de façon à éviter que le passé ne se reproduise dans le présent. Ça peut être la peur de la trahison, de l’abandon, du rejet…
Enfin, observer ses pensées, c’est aussi observer ses refus. C’est observer nos demandes d’impossibilité: c’est à dire quand on est en résistance avec ce qui est. Quand on demande à ce que les choses soient autrement que ce qu’elles sont. Que le passé soit autrement que ce qu’il a été. Que nous soyons autrement que ce que nous sommes, et que les autres soit différents de ce qu’ils sont. Parce que nous refusons qu’ils soient tels qu’ils sont (pas assez ceci, trop cela…)
Mais c’est déjà pas évident de nous accepter nous-mêmes! Nous sommes donc dans une demande d’impossibilité. Cela va nourrir tout un monde d’illusions, de justifications et de victimisation qui nous enferment.
Or, résister à ce qui est, c’est résister à la vie. Avoir un état d’esprit de victime, c’est se couper de la vie.
En conclusion
Pour sortir de la posture de victime, il est important de sortir de sa tête. Poser des actions, c’est la clé vers la récupération de notre pouvoir personnel. C’est observer ce qui nous fait souffrir, ou ce qui est inconfortable pour nous. Mais c’est aussi trouver l’état d’esprit ou le comportement à changer en nous. Ou bien LA chose à dire à cette personne en particulier… C’est ouvrir des serrures plutôt que les verrouiller. Et c’est surtout mettre ce changement en action, de manière juste et écologique pour l’autre et pour soi-même. En ayant conscience que nous avons fait du mieux que nous avons pu, et tout en lâchant-prise sur le résultat ou sur nos attentes.
Voilà pour cette semaine! Cet article vous a aidé à mieux comprendre des schémas comportementaux chez vous ou chez quelqu’un d’autre? Il pourrait aider quelqu’un que vous connaissez? Alors merci de lui partager!
Soyez bons, soyez doux, prenez soin de vous, et à la semaine prochaine…
Célia

