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Le pardon

Le pardon: comprendre son offenseur et trouver un sens à l’expérience

Bonjour!

La semaine dernière, je vous ai écrit un article sur le pardon à soi-même. C’est une étape fondamentale dans le processus du pardon. Aujourd’hui, nous allons parler de ce qu’il est possible de faire pour faciliter au mieux la réussite de cette belle démarche.

Je vous rassure: vous n’avez pas besoin de franchir toutes les étapes du pardon d’un seul coup, et dans la même journée!

Peut-être qu’il serait préférable de revenir à l’étape de l’acceptation de votre colère. Si vous vous sentez bloqué à une étape donnée, demandez-vous si vous n’avez pas brûlé une étape antérieure. Il est important de respecter votre rythme personnel de progression dans votre démarche de pardon. Si votre blessure est encore trop vive et mal guérie, il est inutile de vous engager dans la présente étape. Elle suppose que vous ayez cessé d’être trop préoccupé par votre blessure.

Vous sentez-vous prêt à sortir de vous-même pour changer votre perception de la personne qui vous a fait du tort ?

Est-il nécessaire de vous rappeler avant d’aller plus loin, que comprendre l’offenseur ne signifie pas l’excuser, et encore moins le disculper? Le comprendre, c’est porter un regard plus lucide sur lui pour saisir toutes les dimensions de sa personne et les motifs de sa faute.

Comprendre l’offenseur implique de cesser de blâmer

L’humiliation et la douleur créées par l’offense influencent la perception que l’on se fait de l’offenseur et peuvent la fausser. On est alors porté à voir l’offenseur comme un être exécrable, trompeur, agressif, infidèle, dangereux, haineux, irresponsable…

 

 

Le fait de se rappeler régulièrement du geste offensant conditionne le regard de l’offensé.

Du coup, dans notre esprit, l’offenseur cesse d’être une personne capable d’évoluer, puisque nous l’aurons associé définitivement à son action.

Il devient souvent la malveillance et la méchanceté personnifiées. D’où la tendance à se laisser porter par l’indignation.

L’expression « ne pas juger » ne signifie pas « ne pas se servir de son jugement », mais plutôt de ne pas s’en servir pour condamner autrui. Si vous évitez de condamner autrui, vous éviterez d’être éventuellement condamné à votre tour.

En condamnant autrui, vous risquez de vous perdre de vue, dans la mesure où vous vous concentrez avec excès sur les défauts de l’autre. Ensuite, cet aveuglement vous entraînera à projeter à votre insu sur d’autres, vos propres fautes et faiblesses. Enfin, si vous vous abstenez de condamner autrui, vous aurez plus de chance d’avoir une vue plus objective de vous-même, et par conséquent, de votre offenseur.

Pour comprendre l’offenseur, mieux connaître son histoire

Une meilleure compréhension des antécédents familiaux, sociaux et culturels d’une personne aidera à lui pardonner plus facilement. Même si ses conditionnements ne justifient pas sa conduite malveillante, ils pourront au moins l’expliquer en partie. Mais le « plus » d’intelligence que vous aurez acquis vous rendra le pardon plus facile. Le pardon ne vous apparaîtra plus comme un geste irréfléchi ou aveugle, car vous aurez trouvé les « pourquoi » à sa conduite offensante. Je vous suggère plutôt de pardonner les yeux bien ouverts, pour voir grand et découvrir chez votre offenseur des aspects jusque-là inconnus de vous. Ce sera plus facile de vous mettre dans sa peau et de comprendre ses « écarts de conduite ». De cette façon, le fait de savoir qu’une personne qui commet des abus sexuels a été elle-même victime d’abus ne diminue pas la gravité de son crime, mais rend plus indulgent à son égard.

 

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Comprendre, c’est découvrir la valeur et la dignité de l’offenseur

On a tendance à réduire l’offenseur à son geste malveillant, et dès lors, à le mésestimer sans réserve. Pourtant, un comportement fautif est loin d’être son dernier acte. Car malgré ses fautes, il reste capable de changer et de s’améliorer. Même si l’on voulait tout savoir sur son offenseur, on ne saura jamais percer totalement le secret de sa personne, ni même découvrir tous les motifs de son geste. Motifs souvent inconnus de lui-même. Comprendre l’offenseur, c’est aussi accepter de ne pas tout comprendre.

 

8ème étape : Trouver dans sa vie un sens à l’offense

Lorsque vous en arrivez là, vous avez déjà franchi plusieurs étapes. Après avoir décidé de ne pas vous venger, vous avez fait un courageux retour sur vous. Et vous avez déjà senti que votre blessure était en voie de guérison. Grâce à vos prises de consciences successives et à l’acceptation de votre souffrance intérieure, vous êtes maintenant prêt pour comprendre votre offenseur. Vous avez ainsi posé les bases et les conditions psychologiques de votre pardon. Ce que je vous demande, c’est de déceler les effets positifs possibles que l’offense aura produit dans votre vie. Comment allez-vous vous servir de cette expérience à votre avantage ?

Les effets nocifs de l’échec ne perdurent que pour ceux qui se victimisent. Ceux qui choisissent de ne plus avancer et de s’apitoyer sur leur sort. Mais là encore, c’est un choix! Or, il importe de se rappeler qu’il n’y a pas d’erreur ou d’échec qui ne comporte pas d’éléments de développement. La situation continue d’être prometteuse de vie. Elle peut devenir un moment précieux de lucidité, une occasion propice pour sortir de sa myopie habituelle. Trouver le sens positif de cette expérience consiste à en découvrir la « pépite ». Dans la vie il n’y a pas d’échec, seulement des apprentissages !

 

 

 

Des personnes ont vu leur vie prendre une nouvelle direction, et leur être s’épanouir à la suite d’une grande épreuve.

Une fois le traumatisme passé, cette expérience vous ramènera à vous-même et à votre liberté intérieure. Elle vous placera devant le choix de vous laisser abattre ou de réagir. Si vous acceptez de réagir, vous vous ouvrirez à la possibilité de retrouver votre identité profonde, et de nouer de nouveaux liens avec vous-même et avec les autres. La raison en est que vous aurez trouvé un sens à votre souffrance.

9Ème étape : Décider de mettre fin à la relation ou de la renouveler

Une fois que vous avez pardonné à votre offenseur, il vous reste à décider quoi faire de la relation qui vous lie encore à lui. Voulez-vous poursuivre cette relation en vue de l’approfondir, ou croyez-vous qu’il serait préférable d’y mettre fin ?

Ne pas confondre pardon et réconciliation

Pardonner ne veut pas dire se réconcilier et prendre le risque de se retrouver à nouveau dans le même genre de situations. Le pardon est total et sans condition.

Et en même temps, une fois votre pardon accordé, vous pouvez négocier les conditions de la reprise de la relation.

Il ne faut donc pas confondre pardon et réconciliation. Le pardon n’équivaut pas à tout oublier, faire comme si rien ne s’était passé et reprendre la relation comme elle était avant l’offense.

Si la réconciliation devait être la norme de l’authenticité du pardon, on comprendrait pourquoi tant de personnes refusent de pardonner. Elles ont l’impression de faire semblant de pardonner et enfin de compte, de se trahir elle-même. Il est évident que la suite normale et souhaitable du pardon demeure la réconciliation. Mais, même si la réconciliation est possible, il ne faudrait pas s’imaginer qu’elle implique de se retrouver « comme avant la faute ». Après une grave offense, on ne peut plus reprendre la relation passée, pour la simple raison qu’elle n’existe plus et ne peut plus exister.

Tout au plus, on peut espérer l’approfondir ou lui donner une autre forme.

Pardonner et mettre fin à une relation.

Il existe plus d’une situation où la réconciliation avec l’offenseur est impossible. Prenons par exemple le cas où nous ayons affaire à un offenseur inconnu, décédé ou introuvable. Ou encore à une personne qui se révèle endurcie, ou fauteur invétéré et irresponsable.

Faudrait-il en conclure que le pardon est impossible ? Pas du tout.

Le pardon est avant tout une disposition du cœur, en raison de quoi il est non seulement possible de l’accorder, mais il est nécessaire de le faire pour retrouver la paix et la liberté intérieure, que l’offenseur soit disponible ou non, abordable ou non.

Dans les situations où le « pardonneur » ne peut pas exprimer directement son pardon, il reste toujours la possibilité de faire un geste symbolique. Il peut par exemple écrire une lettre qui ne sera pas postée. S’entourer d’un objet qui symbolise son pardon, ou faire un geste de réconciliation à l’égard d’une personne ou d’un groupe interposé, qui a un titre quelconque représente l’offenseur.

Pardonner en restant lucide

Il y a aussi des circonstances où les efforts de réconciliation, se révèleraient imprudents voire même dangereux. C’est le cas pour les personnes violentes, des psychopathes invétérés ou des manipulateurs sans scrupules.

 

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Je ne crois pas qu’au nom d’un pardon intégral, qui engloberait la réconciliation, on doive pousser l’héroïsme jusqu’à s’exposer à subir de nouveaux des sévices.

Le pardon bien compris n’en exige pas autant. Dans ces circonstances, les personnes pourraient par prudence se retirer, tout en pardonnant à son offenseur. Alors même que le pardon n’aboutirait pas toujours à une réconciliation, il n’en serait pas moins bénéfique à celui qui pardonne, et cela de multiples façons:

-l’offensé se sera d’abord réconcilié avec lui-même.

-il ne se sentira plus dominé par le ressentiment et l’esprit de vengeance.

-également, il aura réussi à ne plus juger son offenseur, mais à le comprendre. Il pourra dans son cœur lui souhaiter le plus grand bonheur possible.

-il aura découvert le côté positif de la situation pénible et en récoltera des apprentissages.

-généralement, la bienveillance manifestée à l’égard de son offenseur transforme le cœur de ce dernier.

-une offense venue d’une personne très chère fournit souvent l’occasion d’ouvrir les yeux sur le genre de relation que l’on pouvait entretenir à son égard. Elle offre l’occasion d’examiner sa situation de dépendance maladive et de devenir plus autonome.

Le pardon fournit une occasion idéale de refaire son « héritage » à la suite de la perte de l’être aimé. L’héritage consiste à récupérer toutes les idéalisations projetées sur la personne aimée. Il permet de se réapproprier tout l’amour, l’énergie, tout l’investissement psychologique et spirituel que l’on a placé sur la personne aimée.

 

Développement de l’offenseur et de l’offensé dans la réconciliation

Examinons maintenant les changements qu’il convient d’effectuer dans la relation offenseur/offensé. Pour bâtir une nouvelles relation, l’offenseur et l’offensé doivent se sentir concernés.

D’abord, l’offenseur devra reconnaître sa part de responsabilité dans la faute. Il devra se montrer prêt à écouter l’offensé jusqu’au bout et à se mettre pour ainsi dire dans sa peau. Il prendra mieux conscience de l’étendue et de la profondeur de sa blessure.

 

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Quelles garanties ou loyauté l’offenseur offre-t-il pour l’avenir ? Ce sont les changements réels constatés dans le comportement de l’offenseur qui constituent des meilleures garanties de succès de la réconciliation.

« Pourquoi me suis-je mis dans une telle situation ?», se demande souvent la personne offensée.

Et c’est une question tout à fait pertinente! Elle rappelle que l’offenseur n’est pas le seul à porter la responsabilité de l’événement pénible. L’offensé aussi doit chercher à faire la vérité sur lui-même. Il profitera de son expérience malheureuse pour réviser certaines de ses attitudes et manières d’avoir des relations personnelles.

 

Des questions pour progresser

Je vous propose maintenant de répondre à une série de questions pour faire le point sur vos acquis. Ceci vous permettra également d’inventorier ce qu’il vous reste à apprendre dans le domaine des relations humaines.

Qu’ai-je appris sur moi-même ?

Suis-je davantage mon meilleur ami ?

Suis-je capable de refuser de répondre aux demandes des personnes (surtout celles que j’aime) de manière à respecter mes limites personnelles ?

Ai-je appris à exprimer plus spontanément ce que je vis ?

Quand je veux intervenir auprès d’une personne pour lui signaler ce qui m’agace, ou me blesse dans sa conduite, suis-je capable de m’ouvrir à elle sur mes impressions avec des phrases qui commencent par « je » ?

Par exemple : « je me sens irrité quand tu arrives en retard », au lieu de l’accuser avec un message commençant par « tu ». Comme par exemple : « tu ne tiens pas compte de moi en arrivant ici en retard ».

Qu’est-ce que je fais pour « contrer » mon attrait pour des personnes qui ont des problèmes de comportement ? Par exemple, des alcooliques, des beaux parleurs, des femmes dépendantes, etc…

Suis-je capable de me rendre compte de mes attentes et demandes irréalistes vis-à-vis des autres ? Dans ma démarche de pardon, jusqu’à quel point ai-je réussi à augmenter l’estime de moi-même ?

Voilà une intéressante mise au point à faire.

Vous pouvez-vous sentir fier(e) de vous si vous avez réussi à répondre et modifier votre comportement ne serait-ce que pour une ou deux de ces questions. Car un petit changement dans le domaine des relations humaines entrainera chez vous d’autres changements significatifs.

Pour terminer, je me permets d’insister sur ce qu’on aura déjà soupçonné, à savoir que le pardon ne règle pas de lui-même toutes les difficultés relationnelles. En effet, même une fois accordé, il ne garantit pas que l’offenseur ne récidivera pas.

Quoi qu’il en soit, les 2 questions importantes à se poser sont les suivantes : le pardon a-t-il produit tout son effet bénéfique en moi ? L’offenseur a-t-il appris quelque chose dans cette situation ?

Si vous pouvez répondre par l’affirmative à ces deux questions, vous serez en mesure de vous féliciter de l’heureuse issue de votre aventure de pardon.

On croit souvent que pardonner à l’autre serait lui faire la part trop belle et lui permettre, malgré ce qu’il nous a fait, de s’en tirer à trop bon compte. Mais le pardon n’a finalement pas grand-chose à voir avec cet autre que nous tenons pour responsable des maux dont nous souffrons.

 

Pardonner pour se libérer

Le pardon est beaucoup plus en rapport avec soi. Tant que nous refusons de pardonner, nous sommes dans le ressentiment. Et en ressassant le passé sans arrêt, c’est à nous-mêmes que nous faisons du mal. A partir de là, pardonner, c’est arrêter de se faire du mal à soi-même.

 

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C’est refuser que le passé nous empêche de vivre notre présent. C’est encore, et ce n’est pas un détail, cesser de donner à l’autre du pouvoir sur notre vie.

Il n’y a aucune obligation à pardonner. Le pardon ne peut pas résulter d’un « il faut » ou de « je dois », suivi d’un soupir. Il n’est efficace que conjugué à la pleine responsabilité, avec « j’ai envie » ou « choisis ». Ensuite, une bonne façon d’y parvenir est de pratiquer la bienveillance. Plus on s’installe dans cet état d’être, et plus il sera facile de pardonner. Enfin, je suggère d’aimer. Aimer non tel que la plupart d’entre nous l’avons appris (notamment en recevant un amour qu’on menaçait de nous retirer) mais aimer sans condition. Aimer, en se posant à chaque instant cette question de savoir « qu’est-ce que l’amour ferait à ma place, maintenant ? ». Dans ce contexte, pardonner n’est plus un problème. C’est une évidence.

Voilà pour aujourd’hui! Comme vous avez pu le constater, le thème du pardon est aussi vaste qu’intéressant!

Si vous avez une anecdote concernant le pardon à nous partager, je la lirai avec grand plaisir dans les commentaires!

Si vous pensez que cet article pourrait être utile à quelqu’un, vous pouvez lui partager pour l’accompagner dans ce processus. Merci pour votre lecture, prenez soin de vous, et des gens autour de vous!

A très vite pour une nouvelle thématique!

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