
Le pardon : contexte et bénéfices
Bonjour tout le monde, j’espère que vous allez bien !
Aujourd’hui nous allons parler d’un sujet qui est bien plus complexe qu’on ne peut l’imaginer : le pardon. D’ailleurs, il y a tellement à dire sur le sujet que je vais le traiter en plusieurs fois!
Le pardon est une étape cruciale dans la vie d’un être humain, car il permet d’avoir une existence apaisée et libérée.
Avez-vous déjà emprunté la voie du pardon ? S’y risquer, c’est marcher dans la bonne direction pour recréer du lien avec les autres, apaiser les tensions, se libérer et avancer dans l’épanouissement. Alors rentrons sans plus attendre dans le vif du sujet !
Au sens biblique, pardonner c’est faire une grâce, annuler une dette par amour pour son prochain.
Pardonner n’est pas cautionner ou oublier, c’est avancer.
À partir du moment où nous vivons en société, nous avons beaucoup d’occasions de pardonner, dans tous les domaines de notre existence: conflits dans les couples, dans les familles, les personnes divorcées, entre amis, entre patron et employés, entre voisins, entre races ou nations. Nous aurons tous besoin de pardonner un jour ou l’autre afin d’installer la paix et continuer à vivre ensemble.
Prenons l’exemple d’une déception amoureuse, le lien d’amour se transforme d’abord en lien de haine. Pardonner c’est couper ce lien, se libérer… mais sans pour autant oublier.
Avec l’âge, nous pardonnons plus facilement car nous nous rendons compte que l’être humain est imparfait. Comme dit le poète Alexander Poe : « l’erreur est humaine, le pardon est divin ».
Pardonner c’est grandir : on pardonne pour notre paix intérieure, pour notre libération.
Pardonner pour améliorer sa santé
Des chercheurs ont étudié les effets du pardon sur notre santé : si nous n’arrêtons pas de ressasser la faute, des pensées inutiles et toxiques, ce sont autant de sentiments négatifs qui vont agir à l’intérieur de nous. Exactement comme un gaz toxique qui irait tout ravager à l’intérieur.
Bien des gens souffrent de vivre dans un constant ressentiment.
Un grand nombre de couples divorcés continuent d’entretenir une forte rancoeur bien des années après la séparation. Même si on ne s’en rend pas compte, vivre fâché -même inconsciemment- demande beaucoup d’énergie et entretient un stress constant.
Alors que la colère est une émotion saine en soi, qui disparaît une fois exprimée, le ressentiment et l’hostilité peuvent s’installer de manière permanente en vous. C’est comme un mécanisme de défense qui serait en mode « veille » et qui se déclencherait en cas d’attaque -réelle ou imaginaire.
Par exemple, une personne qui a été dominée et humiliée dans son enfance deviendra déterminée à ne plus jamais se laisser maltraiter. Par la suite, elle restera constamment sur ses gardes et aura tendance à imaginer des complots ou des attaques possibles contre elle. Cette tension intérieure ne cessera que lorsqu’elle choisira de guérir profondément ses blessures par un pardon authentique.
Il est interessant de savoir que le stress généré par le ressentiment affaiblit le système immunitaire. Celui-ci, toujours en état d’alerte ne sais plus repérer l’ennemi. Il ne reconnaît plus les agents pathogènes. Il va même jusqu’à s’en prendre à des organes sains, qu’il était censé protéger.
Le stress dû au ressentiment est à l’origine de plusieurs maladies psychosomatiques : arthrite, artériosclérose, sclérose en plaques, maladies cardio-vasculaires, diabète, etc…
Donc, avis aux plus fiers d’entre nous : plus on pardonne véritablement, plus nous augmentons nos chances d’être en bonne santé et apaisé.
Pardonner pour lâcher le passé
La personne qui ne veut pas ou qui ne peut pas pardonner a du mal à vivre pleinement le moment présent. Elle s’accroche obstinément au passé, ce qui la condamne à rater son présent, en plus de bloquer son avenir.
Pour les personnes endeuillées par la séparation ou par la mort d’un être cher, le travail de pardon permet de vérifier si le détachement a été effectué en totalité.
Quand une personne dans ce type de situation vient me consulter, je l’aide d’abord à nettoyer son monde émotionnel, à reconnaître sa blessure et à en découvrir le sens. Je l’invite à faire un travail de pardon. Pardon à soi-même pour nettoyer tout sentiment de culpabilité, et pardon à l’être cher pour éliminer toute trace de ressentiment occasionné par la perte. Dans le processus du deuil, le pardon représente une étape décisive. C’est lui qui dispose l’âme à l’étape suivante, celle de l’héritage, où la personne en deuil va récupérer tout ce qu’elle avait aimé chez l’autre (ses qualités et les moments heureux).
Le désir de vengeance
La vengeance est sans doute la réponse la plus spontanée, la plus instinctive à un affront.
Mais chercher à compenser sa propre souffrance en infligeant une souffrance à l’offenseur procure une jouissance intérieure de courte durée.
C’est un baume temporaire sur sa souffrance personnelle et son humiliation. L’offensé ne se sent plus seul dans le malheur… mais ça ne lui apporte pas non plus un bien-être profond !
Quand un climat de vengeance s’installe, on oublie souvent son impact destructeur sur le réseau des relations humaines. De plus, la vengeance enclenche des cycles de violence difficiles à arrêter, qui au lieu de guérir la blessure de l’offensé, vont bien au contraire l’envenimer.
Parallèlement à cela, ne pas vouloir se venger ne constitue en rien une forme de pardon…mais cela reste le premier pas important et décisif pour s’engager sur le chemin du pardon. Le pardon commence par la décision de ne pas se venger. C’est la volonté de grandir et de guérir qui motive cette retenue.
Le pardon authentique prend du temps
Le mot « pardon », tel qu’il est utilisé dans la vie de tous les jours, est associé à un acte de volonté instantanée et isolé de son contexte. C’est comme si on présentait ses excuses, à la va-vite. Ce n’est pas si simple de pardonner, car les humains ne sont pas des saints, tels qu’on aimerait qu’ils le soient!
Le pardon n’est pas une prédisposition naturelle.
Ce n’est pas simplement une décision que l’on prend, et qui prend effet instantanément !
Pardonner n’est pas oublier : nous ne pouvons pas oublier sur commande.
Le cerveau, lui, peut oublier, mais c’est un mécanisme inconscient de défense très efficace et incontrôlable. Car si l’événement nous revenait à l’esprit, ce serait trop difficile à encaisser. L’inconscient refoule les événements choquants pour nous garder en sécurité.
De cette belle pensée judéo-chrétienne, on va aussi retirer de la culpabilité si on n’arrive pas à pardonner, en se disant « je ne suis pas une bonne personne ».
Le pardon véritable est un processus conscient, qui prend du temps : il se situe dans le temps, et s’échelonne sur une période plus ou moins longue. Il comporte un avant, un pendant et un après. Le pardon nécessite de nombreuses conditions : du temps, de la patience avec soi-même, de la retenue dans le désir d’efficacité, de la persévérance dans sa décision d’aller jusqu’au bout…
Regarder sa souffrance en face pour pouvoir pardonner
L’offense provoque chez la personne blessée un déchaînement émotionnel, une perte de repères, de quiétude, une menace de son intégrité intérieure.
C’est alors que les vieilles blessures mal guéries refont surface.
La tentation est grande de ne pas vouloir regarder sa blessure en face, car la peur de se retrouver envahi par l’émotion est trop forte.
C’est alors que peuvent se mettre en place différentes stratégies : nier, fuir dans l’activisme, essayer d’oublier, jouer à la victime, dépenser son énergie à retrouver le coupable, rester bloqué sur cette expérience, chercher une vengeance à la hauteur de l’offense, s’accuser soi-même jusqu’à la déprime, ou jouer au héros intouchable…etc…
Ces comportements empêchent la réussite du pardon, puisqu’il consiste d’abord à se pardonner soi-même avant de pouvoir pardonner l’autre. Et pour se pardonner soi-même, il faut regarder sa blessure en face. Le pardon n’est pas l’oubli du passé, il est le risque d’un avenir différent de celui imposé par le passé ou la mémoire. C’est encourageant, n’est-ce pas?
Une astuce pour faciliter le pardon
Pour réussir à pardonner, il est essentiel de continuer de croire en la dignité de l’offenseur. Pardonner, ce n’est pas seulement se libérer du poids de notre douleur. C’est aussi libérer l’autre du poids du jugement sévère que l’on porte sur lui. C’est lui rendre sa dignité humaine.
Ce qui peut aider, c’est de se dire qu’à ce moment là de sa vie, avec le parcours qui est le sien, cette personne ne pouvait pas faire autrement. Et il se trouve que son comportement nous a blessé.
Le pardon est à la fois une démarche humaine et spirituelle.
La gravité de l’offense change en fonction de la relation que l’on a avec son auteur
Avec les proches
Le pardon peut avoir différentes nuances selon qu’il s’agisse de personnes intimes ou étrangères.
Qui peut nous blesser plus profondément que les personnes avec qui nous avons tissé des liens de confiance, d’affection, de respect ou d’admiration?
Dans ce cas, la gravité de la blessure se mesure alors davantage à la grandeur des attentes (réalistes ou non) envers ces personnes, qu’à la gravité objective de l’offense.
Par exemple, les enfants idéalisent leurs parents et exigent d’eux une tolérance et un amour inconditionnel. Alors que la plupart des parents s’attendent à ce que leurs enfants se conforment parfaitement à leur discipline. Qu’ils réalisent à leur place des rêves qu’ils n’ont pas réussi à concrétiser dans leur propre vie.
J’en profite pour rappeler qu’il n’y a rien de pire pour le développement d’un enfant que d’assister à des actes de violence (physiques ou verbales) entre personnes qui ont juré de s’aimer.
Dans les relations amoureuses, les personnes espèrent pouvoir toujours être « devinées » dans leurs désirs sans avoir à les exprimer. Elles veulent être comprises, aimées, et sécurisées par la présence constante de l’autre. Le pardon joue un rôle indispensable dans les relations avec les proches, en raison de leur intensité, de leur profondeur, et des nombreuses occasions d’accrochage.
Avec les étrangers
Concernant les offenses commises par des étrangers, imaginons qu’un automobiliste vous coupe la route ou qu’un client vous passe devant à la caisse. Sur le coup, vous aurez une légère poussée d’adrénaline. Ça va vous irriter, mais vous oublierez rapidement ses actes irrespectueux car vous vous dites que ce sont des inconnus.
L’offense qui vient d’un étranger doit donc être plus grave pour vous faire perdre votre paix intérieure. Elle doit représenter une atteinte à l’intégrité physique, psychologique, sociale ou morale.
Si vous vous faites cambrioler, on prendra en compte la perte des objets volés -surtout s’il s’agit d’objets précieux, ou de grande valeur sentimentale. En fait, ce qui blesse le plus profondément, c’est la prise de conscience de la violation de son territoire.
Plus l’offense atteint la personne de près, plus on est bouleversé.
C’est également le cas lors d’actes violents sur les personnes aimées, d’attaque à votre réputation, de brutalité physique, ou de viol…
La sécurité personnelle est menacée lorsque les frontières sont dépassées, que l’on se sent mis à nu et à la merci de l’autre.
Les offenses du passé et leur impact sur le présent
L’offense est susceptible de faire remonter les souvenirs relatifs aux blessures non cicatrisées, et de provoquer une réaction en chaîne.
Ça me rappelle l’histoire d’un homme qui venait me voir pour l’aider à découvrir pourquoi il avait systématiquement une attitude méfiante envers ses supérieurs hiérarchiques masculins.
Nous avons pris le sentiment de méfiance comme point de départ et nous sommes remontés progressivement dans son passé. Nous avons retracé tous les événements où il avait ressenti de la méfiance à l’égard des autorités. À l’âge de sept ans, il s’était fait opérer des amygdales. Il s’était réveillé et retrouvé seul et souffrant dans une chambre d’hôpital. Il avait été pris de panique.
Son père n’était pas venu le voir à son réveil comme il l’avait promis.
Il l’avait attendu tout l’après-midi et toute la soirée, mais en vain.
De plus, le chirurgien lui avait aussi promis de lui apporter de la crème glacée. Lui non plus ne s’était pas montré. Après avoir beaucoup pleuré, il comprenait enfin d’où venait sa méfiance à l’égard des hommes en situation d’autorité. Il a donc pu pardonner à son père et à son chirurgien d’avoir manqué à leurs paroles. Ceci a donc désamorcé les conflits qu’il vivait au même moment avec ses supérieurs actuels. Dans de nombreux cas, l’impuissance à pardonner trouve son origine dans de vieilles blessures ou frustrations de l’enfance.
Voilà pour cette première partie, nous avons posé les bases pour pouvoir parler de ce sujet passionnant! Si ce sujet vous intéresse, vous trouverez l’article suivant ici: « Comment pardonner : les bonnes bases ».
Vous avez des anecdotes de pardon à nous raconter? Qu’elles vous aient transformé ou libéré, vous pouvez les partager dans les commentaires!
Merci et à très bientôt!

