
S’autoriser à ne rien faire
Bonjour à tous!!
Cette semaine nous allons parler d’une thématique qui me tient particulièrement à cœur, c’est d’être à l’aise avec l’idée de ne rien faire. J’y travaille encore ! En cette période de vacances estivales, certaines personnes vont profiter de leurs vacances pour faire un maximum de choses. Or le mot « vacance » vient du mot « vacuité » qui signifie « vide ».
Le but du jeu, lorsque l’on est en vacances, ce serait a priori de ne rien faire…
Avez-vous déjà entendu ce genre de conversation entre deux personnes :
-Alors, qu’est-ce que tu as fait de beau pendant ses vacances ?
-Absolument rien. Mais alors, vraiment rien de rien. Et ça m’a fait un bien fou !
Vous non? Moi non plus !!
La reconnaissance par l’action
Nous vivons dans une société où le travail à une valeur centrale. C’est le moyen par lequel les individus sont reconnus. Ils se sentent utiles. Le travail est identifié comme une participation à l’économie.
C’est une façon d’exister, et d’avoir sa place dans la société, d’être un maillon de la chaîne.
D’où le fait que certaines personnes qui arrivent à la retraite ou qui se retrouvent au chômage tombent en dépression, parce qu’elle ne se sentent plus exister. Elles n’ont plus de rôle à jouer dans le jeu social, elles perdent tous leur repères, et se retrouvent comme « sur la touche ». C’est pour cela que les personnes âgées sont « invisibilisées » dans notre société.
Finalement quand on demande à quelqu’un « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? » c’est comme si on lui demandait « qui es-tu ? ».
Souvent lorsqu’on demande aux gens de se présenter, ils répondent par leur nom, prénom et leur profession. Ce qui en dit long sur le mode d’intégration et de valorisation dans notre société.
Le malaise face à l’idée de ne rien faire
De nos jours, ne rien faire est synonyme d’apathie, de fainéantise, de mollesse, de paresse, d’inutilité…
Du coup, je trouve qu’il est intéressant d’observer le tiraillement que l’on ressent à la perspective de ne rien faire.
Qu’est-ce que ça me fait quand je me projette en train de ne rien faire ? Observez simplement.
Qu’est-ce que je vais perdre si je ne fais rien ? Quel est le risque pour moi ? Qu’est-ce que j’attends de cette « non-action » ? Quelle image j’ai de moi quand je ne fais rien pendant quelques instants ? Qu’est ce que je ressens? Est-ce qu’il y a de la culpabilité ?
Est-ce que mon mental me dit : « Tu as mieux à faire que de rester là, à gober les mouches ! Il y a des choses plus importantes à faire ! Tu devrais te mettre à travailler ! Y’a rien à observer, ça sert à rien ce que tu fais ! Va faire à manger, tu seras plus utile ! ». Essayer d’identifier quelle voix se trouve derrière les injonctions de votre mental. Est-ce celle de votre père ? De votre mère ? De qui d’autre ?
Qu’est-ce que la procrastination ?
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce mot barbare, la procrastination c’est le fait de toujours repousser à plus tard des actions qui peuvent avoir un impact majeur dans notre activité professionnelle ou quotidienne. On peut procrastiner tout en étant actif.
C’est le fait de remettre à demain l’action importante qui peut faire la différence. De reporter ce qui peut être perçu comme contraignant, transformateur (tâches administratives, travaux dans le logement, coup de fil important, comptabilité…). C’est s’éparpiller en faisant dans des taches inutiles, en regardant la télé, en sortant voir des amis, ou en nous divertissant.
Ce qu’il peut y avoir derrière la procrastination, c’est la peur de l’échec. Plutôt que d’essayer, de rater et de paraître un « perdant » à nos propres yeux et aux yeux des autres, on va préférer éviter d’agir pour éviter l’échec. Ce qui va nous permettre de préserver notre image. C’est un comportement d’évitement qui amène à la stagnation, et donc à la frustration puis à l’amertume. Ca peut également provenir d’une tendance au perfectionnisme, qui est souvent associé à un manque d’estime de soi. « Ca n’est pas assez bien pour que je me lance. Je peux encore améliorer ça. » Peur de l’échec ou perfectionnisme, la procrastination contribue au renforcement du manque d’estime de soi et à l’insatisfaction.
Ici, il s’agit d’être honnête vis-à-vis de soi-même, et de bien se connaître. Quelles sont nos tendances ? Repérons ce qu’il y a à l’arrière-plan de notre comportement.
Si la procrastination est nourrie par la peur de perdre, de l’échec, du rejet, de l’humiliation, alors dans ces cas là, il faut aller à l’encontre de la procrastination.
Mais il faut aussi éviter un autre écueil, qui serait d’être dans l’activité permanente…
Qu’est-ce qui nous pousse à l’activisme ?
Dans la société dans laquelle nous vivons, la procrastination est montrée du doigt. Cela peut être justifié si on a une tendance à l’inertie.
Mais il faut faire attention, car cela peut aussi nourrir une tendance à l’activisme, qui est symptomatique de notre époque : toujours plus, plus haut, plus vite, plus loin… A avoir tout le temps la « tête dans le guidon ».
Être actif, c’est synonyme de productivité. C’est ce qui est sensé apporter le succès, la richesse, la réussite. Avoir un emploi du temps chargé nous donne l’air d’être une personne importante. Et donc il faut toujours en faire « plus » dans cette recherche de validation externe, de reconnaissance, pour briller en société, renvoyer aux autres une image de soi valorisante.
Cette tyrannie nous oblige à abattre des tâches, à continuer de travailler même si on est fatigué, à aller plus loin même si on a terminé ce qu’on devait faire. A en faire plus pour satisfaire une partie de nous qui n’est jamais comblée et qui nous dit : « Tu pourrais faire ceci en plus, ça te permettrait d’avancer davantage par rapport à ce que tu avais prévu. C’est toujours mieux d’en faire plus! De toute façon tu es déjà lancé, donc pourquoi t’arrêter maintenant ? »
Ce tyran, c’est cette voix dans la tête qui vous pousse sans arrêt à être dans l’action, à produire. A combler les trous dans votre planning. Comme si notre valeur était proportionnelle aux tâches réalisées dans notre journée!
Cette fuite en avant, c’est le ressort de l’addiction au travail. Ce que les psychologues anglais ont appelé le « work alcoolism ». Il y a certaines personnes qui n’arrivent pas à s’arrêter de travailler. Qui n’arrivent pas à s’arrêter tout court. Et qui ne peuvent se sentir exister qu’à travers le « faire », même si cela finit par ne plus être productif du tout. Et amener, au bout du compte, au burnout.
Donc, c’est identifier dans notre tête la voix qui veut toujours qu’on en fasse plus. Elle est issue de notre conditionnement (parental ou autre), qui continue d’agir malgré nous, et qui nous auto-évalue sans cesse. Le burnout, c’est la conséquence de ce qui se produit lorsque l’on obéit à cette voix qui ne s’arrête jamais. Ça n’est jamais assez, jamais assez bien. C’est elle qui va nous empêcher de nous détendre, de nous mettre en « mode avion », de faire une sieste, ou de nous coucher à une heure décente. C’est cette même voix qui va nous faire sentir mal au moment de prendre un temps pour nous, privé de toute notion de contrainte, d’effort, ou de travail.
L’activisme, un comportement d’évitement
Il y a des gens qui font 21 heures de sport par semaine, qui partent toujours à droite à gauche, qui font beaucoup de sorties. Ils ont une vie sociale bien remplie. Ils ne se posent jamais seuls, chez eux. S’ils vivent seuls, ils passent une partie de la soirée au téléphone avec leurs parents ou des amis. Ils vont se préparer un repas et manger devant la télé jusqu’à s’endormir devant leur programme.
Que fuit-on? Nos ombres.
Effectivement, on fuit notre histoire, nos problématiques actuelles, ce qu’on n’a pas réglé ou pardonné, ce qui nous angoisse, à nos regrets, nos remords. Nous fuyons une partie de notre personnalité que nous ne connaissons pas et que nous avons refoulée.
On peut projeter un futur catastrophique, ou utopique. Mais dans tous les cas, que le contenu de nos pensées soit positif ou négatif, il s’agit simplement d’une activité mentale.
Nous sommes dans l’illusion puisque ce qui est vécu dans notre tête n’existe pas concrètement dans l’instant présent.
Finalement, quand on est dans l’activisme, on fuit le fait de se confronter au contenu de notre mental, qui est la source de nos émotions.
On se fuit soi-même car on veut rester dans notre zone de confort : la méconnaissance de nous-même. On fuit le fait d’entrer en contact avec notre essence, ce que nous sommes réellement, qui est bien plus vaste que l’individu, que la personne à laquelle nous nous sommes identifiés, à son histoire.
Beaucoup de personnes associent le rien, le vide, le silence et l’inaction à une peur de la mort. En effet, lorsque l’on se retrouve face à soi-même, on peut accéder à un espace au delà des pensées, qui est calme, vide, vaste. Et lorsqu’on n’en a pas l’habitude, au début ça peut créer de l’inconfort. C’est normal, c’est inhabituel pour nous. Il s’agit ici d’apprivoiser sa solitude, au lieu de chercher toujours à combler.
Inaction, productivité et créativité
Cela suppose de prendre du temps pour soi, de s’observer, d’écouter son mental et d’apprendre à se connaître. D’aller à la découverte de qui on est, au-delà du jeu social.
Ceci nous permet d’être ni complaisant à l’égard de certaines tendances à l’inertie ou à la procrastination, ni d’être dans l’activisme ou le perfectionnisme.
S’autoriser à ne rien faire, c’est aussi être à l’écoute de son corps, de son âme, plutôt que de son mental.
Par exemple, vous vous êtes levé tôt et vous travaillez sur notre ordinateur depuis 3 heures non-stop. Vous vous surprenez en train de bailler. Votre corps vous dit clairement : « Tu es fatiguée, va te détendre 20 mn ».
À ce moment-là, le mental peut nous dire : « Regarde, tu pourrais encore faire ceci ou cela». Ici, il s’agit d’écouter notre corps qui sait mieux que notre tête ce qui est juste pour nous.
Paradoxalement, nous autoriser à ne rien faire va nous permettre plus tard d’être plus productif. Mais pour cela, il faut s’autoriser à un moment donné à ne pas être productif, et à accepter qu’on ne le soit pas tout le temps. Nous ne sommes pas des machines, et nous avons besoin de recharger nos batteries. D’ailleurs, même les machines en ont besoin!
Ce n’est pas juste une question d’énergie, c’est aussi une question de créativité. Il est important de mettre le cerveau en pause, de faire une sieste, un coloriage, une balade en plein air. Quand on s’autorise un moment qui n’a rien à voir avec une activité cérébrale logique ou analytique, on peut avoir des idées créatives qui émergent, de nouveaux projets qui arrivent, trouver une solution inédite… Une véritable détente nous permet de penser « en dehors de la boîte », et de changer notre perspective.
Ne rien faire, c’est laisser de l’espace pour se connecter à son corps et à son âme. Et quand on s’arrête de réfléchir, de travailler, de dépenser de l’énergie cérébrale dans un but productif, on devient alors réceptif aux messages de notre corps et de notre âme.
Comment ne rien faire ?
-Être à l’écoute du corps : y a-t-il des tensions? Des douleurs? Une détente? Une fatigue?
-Respirer. Se laisser respirer.
-Observer les pensées. La présence ou l’absence d’émotions.
-Faire l’état des lieux de ce qui se passe à l’intérieur de nous.
-Contempler la nature. Se mettre en état de réceptivité et de disponibilité.
-Observer tout phénomène (visuel, auditif, corporel) apparaître puis disparaître.
-Rester immobile et juste « être » cette présence observante dans l’ici et maintenant, sans jugement.
Prenez quotidiennement des temps de pause, et offrez-les vous comme un cadeau.
Dans votre agenda, réservez-vous au moins un temps dans la journée pour ne rien faire. Essayez-vous à la méditation. Même cinq minutes ! Plus vos journées sont chargées, plus vous en avez besoin.
Et voilà pour aujourd’hui !
J’espère que cet article vous a permis d’y voir plus clair dans votre fonctionnement !
De déculpabiliser à l’idée de vous octroyer des parenthèses de paix et de recentrage au quotidien.
Si vous pensez à une personne à qui cela ferait le plus grand bien, merci de lui partager cet article !
A la semaine prochaine ! Et d’ici là, prenez soin de vous !

